Ce que dit la science
L’approche scientifique de la méditation et de la pleine conscience ne traduit pas toute la richesse de ces pratiques. Elle a néanmoins l'avantage d'offrir une mesure convaincante de ses effets.
Vous trouverez ci-dessous un résumé des dernières études qui concernent la présentation des ces pratiques contemplatives aux enfants. On y retrouve de nombreux super-pouvoirs !
Remarque : Pour une présentation plus détaillée de la méditation pour enfants, rendez-vous sur la page : Méditer ?
Cultiver ce qui est déjà présent chez l'enfant
La recherche en sciences de l’éducation a montré tout l’intérêt de la pleine conscience et des exercices de méditation dans une perspective de bien-être de l’enfant, à l’école et dans sa vie en général (Parrish & Sibinga, 2014).
La pleine conscience et la méditation améliorent la capacité naturelle des enfants à être présents dans leur environnement. Les techniques de pleine conscience sont considérées comme des manières efficaces de faire face au stress, à l’anxiété, à la négativité, à la procrastination, aux douleurs abdominales et à certains problèmes de peau.
12% des enfants souffrent de problèmes de santé mentale
Une étude menée notamment par Joyce (2010) a mis l’accent sur le fait que 12% des enfants souffrent de problèmes de santé mentale. Au cours d’une expérience, un projet pilote fut créé pour mesurer les bienfaits de la pleine conscience et de la méditation sur des enfants âgés de 10 à 12 ans.
Des enseignants d’une école primaire de Melbourne ont ainsi été formés à la transmission de la pleine conscience et aux techniques de méditation sur la base des principes développés par John Kabat-Zinn (1994).
Les performances mentales des enfant avant et après les séances furent mesurées via des questionnaires de forces et faiblesses (Strenghts and Difficulties Questionnaires) et une variante de l’inventaire de la dépression infantile (Children’s Depression Inventory).
Avant le projet, les scores des enfants au prisme des deux outils de mesure étaient de 25,6% et de 25,8% respectivement. Après le projet, le score des enfants est passé à 16,3% et 21,6% respectivement, soit une diminution significative du taux de détresse.
La méditation prémunie les enfants contre les dangers de la dépression et du mal-être
Dans nos sociétés occidentales, les enfants font face à des problèmes psychologiques variés tels que des troubles de l’attention, la dépression ou encore une faible estime de soi. Pour la science, nos systems de soin n’ont pas du tout répondu à ces préoccupations (Britton et al., 2014).
Afin de répondre à ce problème, Britton et al. (2014) ont conduit des recherches étendues pour évaluer l'efficacité de la méditation et de la pleine conscience comme thérapie. Leur étude s'est concentrée sur la transmission de la méditation et de la peine conscience à des enfants de la classe moyenne.
Les enfants furent répartis en deux groupes, l’un dit d’expérimentation, l’autre de contrôle. La pleine conscience fut présentée au premier groupe.
Les résultats de cette étude ont montré que le groupe d’expérimentation était moins susceptible de développer toutes sortes d’idées suicidaires ou néfastes comparativement au groupe de contrôle.
La méditation diminue le stress et l'agressivité des enfants
Yoo et al. (2016) ont mené une étude sur 42 enfants d’une école élémentaire de Corée du Sud. La pratique de techniques de méditation par les enfants y a conduit à une diminution significative des aggressions et du niveau de cortisol salivaire, lequel permet de mesurer le niveau de stress.
Cette étude a ainsi confirmé que la méditation de pleine conscience est centrale pour l’amélioration psychosociale et comportementale de la santé mentale des enfants.
La pleine conscience offre aux enfants l'occasion de mieux se relier à la nature
Berto et Barbiero (2016) ont découvert que l’application de stratégies de pleine conscience et de méditation favorisait la Biophilie, à savoir une tendance à apprécier et aimer la nature.
La peine conscience est une boite à outil pour le développement personnel de l'enfant
Semple, Lee and Rosa (2010) ont mené des essais sur les effets de la thérapie comportementale de pleine conscience chez les enfants.
La thérapie MBCT sur des enfants âgés de 9 à 13 ans s’est avérée favoriser leur résilience sociale et émotionnelle.
Black and Fernando (2014) ont quant à eux établi que les activités de pleine conscience densifiaient le développement personnel des enfants. D'après le constat des auteurs, des compétences telles que la communication, la participation en classe, le civisme et d’autres traits de personnalités positifs se raffinent par le biais de la méditation. L’étude confirme également la relation statistique positive et linéaire entre la méditation et la confiance en soi chez les enfants.
La méditation et la pleine conscience sont une réponse aux mécanismes d'adaptations déficients de l'enfant
Parrish, Linder, Webb and Sibinga (2016) ont travaillé sur les bienfaits de la méditation pour les enfants. Ils ont montré que la méditation et la pleine conscience activent un mécanisme neurologique chez les enfants qui les autorise à penser de manière positive.
La méditation et la pleine conscience incitent les enfants à penser à leur environnement de manière logique, prudente et rationnelle. Leur mémoire s’améliore de même que la performance scolaire. Pour faire face au stress, les enfants utilisent souvent des techniques déficientes qui ne font qu’aggraver la situation. N'en font pas partie les méthodes de méditation et de pleine conscience qui, elles, sont considérées comme des techniques d'adaptation efficaces.
La méditation et la pleine conscience favorisent la relation parents-enfant
Les troubles de l’attention et l’hyper-activité causent des problèmes aux parents (Singh et al., 2010). Dans ces cas, les solutions médicamenteuses sont peu efficaces par rapport à la voie de la méditation lorsqu’elle est pratiquée à la fois par les enfants et par les parents (Singh et al., 2010).
Cette étude a montré que la relation parents-enfants pouvait être améliorée de manière significative par le biais de la méditation et des activités de pleine conscience. Les enfants qui les pratiquent montrent une meilleure adhésion aux directives parentales, ce qui valorise leur relation.
Les enfants qui méditent se disent plus souvent satisfaits de la vie que ceux qui ne méditent pas
Bluth, Roberson and Gaylord (2015) ont démontré que la pleine conscience et la méditation appliquée par des adolescents de 10 à 18 ans pouvaient contribuer à leur bien-être, leur stabilité, la réduction de leur stress et le développement de leur compassion envers eux-mêmes.
Les chercheurs ont relevé une forte corrélation entre la pratique de la méditation et le fait pour ces jeunes de pouvoir se dire globalement satisfaits de la vie.
La méditation et la pleine conscience méritent de faire partie des programmes scolaires
Klingbeil et al. (2017) ont réalisé une méta-analyse de 10 études menées entre 2006 et 2014 au sujet des pratiques de pleine conscience. A 95%, les auteurs s'accordent à dire que les activités de pleine conscience peuvent produire des effets très positifs chez les enfants.
Au nom du bien-être général des enfants, Klingbeil et al. appelant à ce que les écoles se saisissent de ces résultats pour ajouter la méditation et la pleine conscience à leurs programmes,
J'ai lu une étude qui montrait que la méditation avait des effets secondaires néfastes ou était inefficace sur les enfants. QUE DOIS-JE EN PENSER ?
Vous êtes libres de penser ce que vous voulez :) Cependant voici ce que j'estime important de garder à l'esprit :
L'avènement en occident de la science moderne est venu lors du siècle des lumières, où tout à la fois on a inventé les droits de l'homme, le système métrique (des mesures pour tout les temps et tout les hommes), et remplacé l'alchimie par la chimie, l'astrologie par l'astronomie, etc.
Les sciences publiées, d'origine grecque, discutables et contestables par l'expérience, ont remplacé les "sciences" occultes initiatiques, qui revendiquent justement leurs sources dans la connaissance des anciens des sociétés du Moyen Orient.
Partant de là, le travail des scientifique est en partie de chercher à contester et à réfuter les travaux passés ou des hypothèses généralement admises. Cela fait partie du jeu. C'est pourquoi les études scientifiques se suivent et se contredisent dans tous les domaines. Pour faire le tri parmi ces études et aller au delà du simple label "scientifique", il faut avoir quelques réflexes critiques :
- Se demander qui est derrière l'étude, qui a payé pour qu'elle soit réalisée, qui a demandé qu'elle soit faite.
- Se poser la question de l'activité de la personne qui relaie l'étude. A-t-elle des partis pris connus ? A-t-elle une spécialité qui entre en concurrence avec la technique qu'elle décrit (psychologie, psychiatrie ou médecines alternatives par exemple).
- Se poser la question de l'échantillon sur lequel a été réalisé l'étude (est-il représentatif ? trop étroit ? trop peu important ?). Tester la méditation sur 140 filles de 13 ans ne permet pas de tirer beaucoup de conclusion.
- Généralement la méthodologie employée doit tenir compte du contexte de ce qui est à l'étude. Par exemple, lorsqu'on étudie la portée des psychothérapies, ce sont normalement les études longitudinales (sur le long terme) qui procurent les meilleures données sur la portée réelle des psychothérapies . Il n'est pas rare qu'en début de thérapie, les personnes vivent des retournements qui, si on ne voyait pas plus loin, nous laisserait supposer que la condition de la personne empire plutôt que de s'améliorer.
- Se demander combien d'autres travaux existent qui disent le contraire et peser la force scientifique de tous ces travaux (représentativité, méthodes, sources, date, indépendance de l'étude etc.).
- Se poser la question de la technique de méditation étudiée. Est-ce celle que vous souhaitez enseigner ? D'autres techniques ont-elles donné lieu à des conclusions différentes ?
- Accepter que la méditation va à contre-courant de beaucoup de concepts sur lesquels reposent notre société (rationalité, vitesse, contrôle de soi, performances etc.)
- Accepter l'idée que la méditation est devenue à la mode et qu'il est normal que des travaux cherchent à démontrer que les choses sont moins simples, moins miraculeuses qu'on voudrait vous faire croire.
Il serait ainsi mentir que de dire que la méditation est une pratique anodine. En méditant, chacun apprend à faire corps avec ce qui se passe en lui. Lorsqu'on a été habitué à ne pas se regarder d'aussi près ou que la société nous incite à fuir en avant sans prendre du temps pour soi, cela peut déstabiliser.
Des enfants traumatisés peuvent eux-aussi voir des choses ressurgir auquel cas il faudra identifier l'élément déclencheur, rassurer l'enfant de manière bienveillante et compatissante et changer l'objet d'attention.
On choisira dans tous les cas des méthodes très progressives et simples, adaptées à l'âge et courtes. Dans ce contexte le danger sera surtout de forcer l'enfant à faire quoi que ce soit.
Écoutez les enfants, ne les forcez à rien et voyez si la méditation les apaise. Faites confiance à vos ressentis et aux leurs. Restez mesurés et gardez à l'esprit que la méditation n'est qu'un outil, un merveilleux outil certes, mais pas un miracle.
Sources
Berto, R., & Barbiero, G. (2016). Mindful silence produces long lasting attentional performance in children. Visions for Sustainability, 1(2).
Black, D. S., & Fernando, R. (2014). Mindfulness training and classroom behavior among lower-income and ethnic minority elementary school children. Journal of Child and Family Studies, 23(7), 1242-1246.
Bluth, K., Roberson, P. N., & Gaylord, S. A. (2015). A pilot study of a mindfulness intervention for adolescents and the potential role of self-compassion in reducing stress. Explore: The Journal of Science and Healing, 11(4), 292-295.
Britton, W. B., Lepp, N. E., Niles, H. F., Rocha, T., Fisher, N. E., & Gold, J. S. (2014). A randomized controlled pilot trial of classroom-based mindfulness meditation compared to an active control condition in sixth-grade children. Journal of School Psychology, 52(3), 263-278.
Burke, C. (2009). Mindfulness-Based Approaches with Children and Adolescents: A Preliminary Review of Current Research in an Emergent Field. Journal Of Child And Family Studies, 19(2), 133-144. http://dx.doi.org/10.1007/s10826-009-9282-x
Joyce, A., Etty-Leal, J., Zazryn, T., & Hamilton, A. (2010). Exploring a mindfulness meditation program on the mental health of upper primary children: A pilot study. Advances in School Mental Health Promotion, 3(2), 17-25.
Klingbeil, D. A., Fischer, A. J., Renshaw, T. L., Bloomfield, B. S., Polakoff, B., Willenbrink, J. B., ... & Chan, K. T. (2017). EFFECTS OF MINDFULNESS‐BASED INTERVENTIONS ON DISRUPTIVE BEHAVIOR: A META‐ANALYSIS OF SINGLE‐CASE RESEARCH. Psychology in the Schools, 54(1), 70-87.
Perry-Parrish, C. K., & Sibinga, E. M. (2014). Mindfulness meditation for children. In Functional Symptoms in Pediatric Disease (pp. 343-352). Springer New York.
Perry-Parrish, C., Copeland-Linder, N., Webb, L., & Sibinga, E. M. (2016). Mindfulness-Based Approaches for Children and Youth. Current problems in pediatric and adolescent health care, 46(6), 172-178.
Semple, R. J., Lee, J., Rosa, D., & Miller, L. F. (2010). A randomized trial of mindfulness-based cognitive therapy for children: Promoting mindful attention to enhance social-emotional resiliency in children. Journal of Child and Family Studies, 19(2), 218-229.
Singh, N. N., Singh, A. N., Lancioni, G. E., Singh, J., Winton, A. S., & Adkins, A. D. (2010). Mindfulness training for parents and their children with ADHD increases the children’s compliance. Journal of Child and Family Studies, 19(2), 157-166.
Yoo, Y. G., Lee, D. J., Lee, I. S., Shin, N., Park, J. Y., Yoon, M. R., & Yu, B. (2016). The effects of mind subtraction meditation on depression, social anxiety, aggression, and salivary cortisol levels of elementary school children in South Korea. Journal of pediatric nursing, 31(3), e185-e197.