pleine conscience

La boule à neige, un surprenant outil de méditation

Voir les liens qui unissent nos pensées, nos sensations et nos comportements 

Montrer aux enfants la richesse des connexions qui existent entre nos pensées, nos sensations et nos comportements n’est pas facile. Savoir observer ces liens est pourtant une clé de la conscience de soi et de la sérénité. 

Nous ne sommes en effet jamais obligés de suivre les pensées qui naissent de sensations agréables ou désagréables et nous font agir à la manière d’automates. Nous pouvons prendre du recul et décider d’agir en accord avec ce que nous sommes vraiment. Cette prise de recul peut passer par la méditation telle qu'elle est connue traditionnellement. Elle peut aussi se faire via un objet très banal : la boule à neige. 

Utiliser une boule à neige comme outil de méditation

La boule à neige, vous en avez partout et pour pas cher. Tant mieux, car c’est un outil remarquable pour illustrer les liens qui unissent nos pensées, nos sensations et nos comportements. Je vous propose 5 étapes pour vous en rendre compte. 

  • Etape 1 : Prenez la boule à neige et secouez-là. 
  • Etape 2 : Tout en secouant, la neige devrait tourbillonner et l’eau devenir moins limpide. Observez à quel point il est difficile de voir à travers l’eau. 
  • Etape 3 : Arrêtez de secouer la boule et laissez la neige se déposer sur le « sol» de la boule.  Pendant ce processus, vous pouvez placer vos mains sur votre ventre et sentir votre respiration. Peut-être qu’à mesure que les flocons tombent, votre respiration devient plus profonde. Si ce n’est pas le cas, aucune inquiétude ; il n’y a pas d’objectifs particuliers à atteindre. 
  • Étape 4 Une fois que le tourbillon de neige a pris fin. Prenez un instant pour réfléchir à ce qui s’est passé. La neige est toujours là, dans la boule. Elle n’est pas partie. Seulement vous pouvez à nouveau voir clairement à travers l’eau.  
  • Étape 5 Prenez un instant supplémentaire pour réfléchir à la manière dont nos esprit fonctionnent. L'histoire qui suit vous y aide. 

L'histoire des pensées danseuses

Quand nos pensées s’agitent et s’embrouillent, nous ne pouvons pas vraiment dire que nous pensons clairement. On connait d’ailleurs l’expression : « j’arrive pas à mettre mes idées au clair » «  c’est flou dans ma tête » « j’ai besoin de quelques secondes là, tout se mélange » etc. 

Ce dont il faut se souvenir, c’est que ces épisodes d’agitation ne sont pas une fatalité. Pour prendre de meilleures décisions, des décisions claires et conscientes, ou simplement retrouver le calme, inutile d’essayer de suivre chaque flocon de neige en pleine secousse. Or plus vous faites fonctionner votre tête, plus les secousses continuent.

La tête est une machine à produire des pensées, de la neige, et lorsqu'on les regarde trop attentivement, qu'on s'approche d'elles et qu'on les fixent comme si elles étaient tout ce qui compte au monde, les pensées se sentent regardées, aimées, et décident de faire une danse pour nous montrer toute leur force et leur agilité.  Cela crée des secousses et des tourbillons. Cela peut être grisant parfois, mais une chose est sûre, avec toutes ses secousses et ces tourbillons, on ne distingue plus rien clairement. C'est un problème car nos pensées, à l'origine, nous servent avant tout à voir clairement, pas à nous emporter dans leur danse et leurs tourbillons. 

Pour retrouver la clarté à travers le boule,  pour prendre des décisions plus conscientes ou seulement retrouver du calme, mieux vaut arrêter les secousses. Mieux vaut faire comprendre aux pensées qu'elles ne sont pas tout ce qui compte au monde et qu'elles ne sont pas la pour danser mais pour nous aider à prendre des décisions. 

Comment faire comprendre cela à nos pensées ? En ne les regardant plus aussi fixement. En respirant ou simplement en fixant son attention en dehors de la tête. Ne se sentant plus le centre du monde, les pensées cesseront leur danse aveuglante et reprendront leur noble travail.  

Il ne vous reste plus qu’à essayer cette histoire avec les enfants.  Ca tombe bien, Noel approche à petits pas. Aucune excuse donc pour ne pas investir dans une boule à neige  :)

 

Pourquoi la méditation n'est pas bouddhiste

Randye J. SEMPLE et Jennifer LEE sont à l'origine d'un ouvrage assez massif : "Le pleine conscience pour les enfants anxieux : aller mieux en s'amusant grâce au programme MBCT-C".

Destiné aux praticiens des thérapies cognitivo comportementales, l'ouvrage aborde une question intéressante : la particularité de la psychologie bouddhiste par rapport à une approche plus laique proposée par la psychologie scientifique occidentale.

Bien sûr, la méditation connait d'autres fondements que ces deux psychologies. Ces deux distinctions sont cependant à mon sens utiles pour mieux comprendre ce qu'est et ce que n'est pas la méditation. 

Ce que n'est pas la méditation : une technique exclusivement bouddhiste

La méditation bouddhiste s'inscrit dans une voie de libération de la souffrance très particuière. La méditation peut se pratiquer dans d'autres cadres. Les thérapies cognitives en sont un exemple. 

La méditation sous l'angle des thérapies cognitives 

La psychologie cognitive part du principe que les pensées influencent les émotions et les comportements. C'est lorsque nos pensées sont inexactes ou déformées, ou que nos suppositions sont irrationnelles et inadaptées que nous procédons à des choix inappropriés. Changer nos pensées permet de modifier nos émotions et notre comportement.

Axée sur l'anxiété, la thérapie cognitive est une thérapie à court terme qui se focalise sur l'apprentissage de compétences spécifique.

Par la méditation et des exercices de pleine présence, cette approche permet de reconnaitre les pensées qui influent sur les émotions et les comportement de façon irrationnelle, de s'en distancer et de développer des habitudes de pensées plus saines. 

La méditation sous l'angle bouddhiste 

La psychologie bouddhiste distingue la douleur et la souffrance. La douleur est universelle. La souffrance (dukka) est évitable. Elle résulte d'une expérience émotionnelle et affective érpouvante qui émerge lorsque ce que nous vivons ne correspond pas exactement à nos attentes. 

Selon la psychologie bouddhiste, c'est nous même qui générons notre propre souffrance. Cette souffrance est liée à notre attachement aux plaisir et à notre aversion de l'inconfort. En acceptant l'impermanence, c'est à dire la nature changeante de tous les phénomène, nous comprenons qu'il est inutile de faire dépendre notre bonheur des plaisirs des sens. 

La voie de la libération passe par "Le Noble Sentier Octuple" : une discipline en trois partie, la perfection de la sagesse, la conduite éthique (notamment par la parole juste et l'action juste) et la discipline mentale. 

Par la méditation, cette approche propose de développer l'équinimité, c'est à dire une prise de distance par rapport à l'impermanence de nos pensées, de nos émotions et de nos sensations, pour se libérer de la souffrance de l'attachement. 

Il est donc évident que toutes les personnes qui la méditation peut s'entendre au délà du cadre bouddhiste qui est très particulier. Des approches scientifiques existent. Les techniques cognitives en sont un exemple.

Scientifique ne veut pas dire meilleure approche, la psychologie bouddhiste a pour elle plus de deux millénaires de raffinements et a inspiré les approches laiques. 

Ce qu'est avant tout la méditation : changer de perspective

La méditation, entendue comme la pratique formelle de la pleine présence ou pleine conscience, est une exercice dans lequel on accepte de sortir du lit de la rivière de nos pensées, de nos émotions et de nos sensations pour observer calmement cette rivière.

L'avantage de cette position d'observateur : nous ne sommes plus emportés par le courant.

En prenant un tel recul, nous cessons d'être dans la réaction compulsive, irationnelle et génératrice de souffrance. Nous sommes au contraire en mesure de reprendre le contrôle sur nous-même et de choisir d'agir ou de ne pas agir, et de quelle façon.

Nous sortons de nos constructions mentales pour entrer en rapport avec la réalité.

En définitive, l'approche bouddhiste et l'approche cognitive ne font qu'une chose :  développer des méthodes à partir de la capacité de chaque être humain à être pleinement présent. 

Louis.