3 exercices de pleine présence pour les tout-petits

Le cortex préfrontal, la zone du cerveau qui régule les émotions, est la dernière partie du cerveau à se développer et à mûrir. C'est la raison pour laquelle les tout-petits ne peuvent s'empêcher de vivre des émotions fortes qu'ils ne peuvent contrôler sans le soutien des adultes.

Catherine Catherine Gueguen, pédiatre, rappelle ainsi dans une conférence sur les neurosciences affectives et l’éducation que jusqu’à 5/6 ans, l’enfant est traversé par de véritables tempêtes émotionnelles et ne peut vraiment pas se calmer seul.

L’enfant vit ses émotions sans filtre : ce sont de grands chagrins (même pour ce qui semble une broutille à l’adulte), de grandes peurs (même pour ce qui semble anodin à l’adulte), de grandes colères (qui ressemblent à des comédies pour les adultes).

Les fonctions de son cerveau qui lui permettraient d’analyser la situation et de prendre du recul afin de se calmer ne sont pas matures. 

On pourrait alors se dire : "je sais que la pleine présence, la pleine conscience et l'attention sont très utiles pour faire face aux émotions fortes, mais comment en faire profiter mon enfant, il est si jeune".

Pour les plus jeunes en effets, pas question de se mettre assis pour observer sa respiration. Mais il existe d'autres méthodese. Voici quelques exercices tirés du blog Daily Mom. 

Les bulles magiques

Pour cet exercice, Daily Mom nous porpose de demander à notre enfant d'imaginer qu'il souffle des bulles d'air. 

"Inspirez profondément et soufflez lentement des bulles d'air dans la pièce. Lorsque vous soufflez les bulles, dites à votre enfant d'imaginer que ce sont des bulles spéciales qui remplissent la pièce de calme. Ce jeu aidera votre tout-petit à développer des techniques de respiration profonde qui formeront la base de nombreuses méditations et stratégies de relaxation ultérieures." 

Bailler & s'étirer

On le sait, le stress et l'anxiété provoque une respiration haletante bien loin d'un souffle naturel et calme.  L'idée de Daily Mom, bailler !

"Le bâillement force le corps à se détendre en respirant profondément et en ralentissant la respiration. Les étirements allongent les muscles, ce qui les aide à arrêter la tension en réponse au stress.

Faites comprendres à votre enfant que lorsqu'il se sent agité, il peut bâiller et s'étirer pour se calmer (...) Lorsque vous remarquez une crise de colère, commencez à faire un bâillement stupide pour leur rappeler de se calme". 

Le jeu du pain grillé

Dernière idée originale, le jeu du pain grillé.

Ce jeu aide les enfants à apprendre à détendre leurs muscles.

"Demandez à votre enfant de s'allonger sur le sol et de prétendre qu'il s'agit d'un morceau de beurre qui fond sur une tranche de pain grillé. Demandez-lui de se concentrer sur son corps entier qui s'enfonce dans le sol. Dites des choses comme : "N'est-ce pas agréable, mon corps se sent si détendu" Ce jeu est mieux utilisé à la maison ou dans un endroit où il est acceptable de s'allonger sur le sol!". 

Puissiez-vous faire de belles découvertes. 

S'assoir dans la nature et l'écouter

Une idée simple

Le blog Run Wild My Child propose une idée d'activité de pleine présence intéressante pour les enfants. Ca s'appelle "chercher à s'assoir" et c'est très simple.

"L'idée : trouver un endroit sympa dans la nature et se sentir à l'aise en restant là, tranquille. Dans ce lieu, la nature vous entoure, vous apaise, vous divertit et s'infiltre en vous"

Mode d'emploi

Brandi Rondinelli recommande, pour pratiquer cette activité avec les enfants, de :

  • Créer un endroit ludique où s'assoir dans la nature. On pense ici à un tipi, un feu de camps, un tronc d'arbre, un coin plein de feuilles, de fleurs ou d'herbe.
  • Demander à l'enfant s'il peut dire ce qu'il entend (fermer les yeux rend les choses plus simples ici).
  • Echanger sur ce qui nous entoure pendant 5 minutes. Parler des plantes, des couleurs et des formes qu'on remarque. Parler d'odeurs et de textures.

C'est tout ! 

Il ne faut que 5 minutes. Pratiqué souvent les effets sur la conscience de soi, la concentration, et l'humeur ne tarderont pas à se faire sentir :)

Une activité importante

L'activité est simple, s'assoir dans la nature et activer nos cinq sens, elle n'en est pas moins puissante et sans doute essentielle à notre époque. Cela les experts le montrent très bien

D'après Mardie Townsend, professeure honoraire à la School of Health and Social Development de l'Université Deakin en Australie il y a de plus en plus de preuves qui indiquent que le contact avec la nature a des impacts positifs significatifs sur la santé mentale.   

"Le contact avec la nature est associé à des niveaux réduits de stress - ce qui a également d'énormes répercussions sur la santé physique, des niveaux réduits de dépression et d'anxiété, une résilience accrue, un engagement accru envers l'apprentissage pour les enfants et les adolescents autrement désengagés du système éducatif, une meilleure estime de soi et une capacité accrue à s'engager socialement " 

A ces considérations de santé mentale s'ajoutent des considérations de société. Les enfants doivent passer du temps avec la nature pour apprendre à l'aimer et à la respecter. 

Les enfants ont une tendance innée et prédisposée génétiquement à explorer le monde naturel connu sous le nom de biophilie, c'est-à-dire l'amour de la nature (Wilson 1993 et 1996; Tilbury 1994; Sobel 1996 et 2002; Kellert 2005). Des signes de biophilie ont été observés chez des enfants même plus jeunes que deux ans (Moore et Marcus 2008).

Si l'on ne donne pas aux enfants la possibilité de s'épanouir dans leur jeune âge, la biophobie, une aversion pour la nature peut se développer. La biophobie va de l'inconfort et de la peur dans les lieux naturels au mépris pour tout ce qui n'est pas produit par l'homme, géré ou climatisé (Cohen 1992; Cohen & Horm-Wingerg 1993; Orr 1993 & 1994; Bixler et al 1994; White 2004). La biophobie se manifeste aussi en considérant la nature comme une ressource jetable (Dutcher, Finley et al 2007).

Communication de pleine présence et créativité

Entamer une démarche de méditation ou de pleine présence c'est aussi porter son attention sur la manière dont nous communiquons.

Qu'on le veuille ou non, ce qu'on dit aux enfants a des effets profonds, notamment sur leur créativité.

Jonstone Keith est connu pour être l'auteur d'un ouvrage de référence en improvisation théâtrale : Impro: Improvisation and the Theatre.  Dans ce livre, un passage intéressant concerne l'effet de l'école sur la créativité des enfants. Le constat n'est pas reluisant.

Notre créativité naturelle est détruite par la société

Jonstone Keith est persuadé d'une chose, nous sommes tous créatifs à la naissance, seulement la société crée en nous des inhibitions. Ces inhibitions n'auraient pas grand-chose de pertinent par rapport aux vrais enjeux de la société :

"La façon dont les parents et les enseignants traitent souvent les enfants me donne la nausée. La plupart des gens pensent que les choses obscènes sont sexuelles comme les poils pubiens, le langage obscène, mais je suis plus choqué par les villes modernes, par les carcinogènes dans l'air et dans les aliments, par le volume toujours croissant de matières radioactives dans l'environnement."

Ce qui favorise notre spontanéité, notre créativité, ce sont des situations où la personne : "peut librement exprimer ses pensées les plus intimes envers lui-même, envers toute autre personne (...), peut être certain qu'il n'est pas jugé et qu'il est pleinement accepté".

Prendre conscience des éléments qui favorisent et entravent la créativité

Pour Keith, l'école est tout sauf un lieu où se créeent des situations où l'enfant peut librement être lui-même. Il donne en exemple une comparaison des éléments de communications qui favorisent et entravent la créativité. A garder en mémoire !

La éléments d'une communication créative

  • Les silences
  • L'acceptation: Oui. Uh Hmm. Je suis ce que tu dis. Hochement de tête.
  • La reconnaissance: Bonjour, bonjour. Je remarque que tu t'es coiffé les cheveux.
  • Offrir sa présence : Je vais m'asseoir avec toi un moment. Je vais rester ici avec toi. Votre confort m'intéresse.
  • Poser des questions ouvertes : Y a-t-il quelque chose dont tu aimerais parler? A quoi tu penses? Par où veux-tu commencer?
  • Offrir des pistes générales: Continue. Et ensuite?
  • Placer l'événement dans le temps ou dans un ordre particulier : Était-ce avant ou après ? etc.
  • Donner des description encourageante sur les perceptions, donner des comparaisons encourageantes.

Les éléments d'une communication d'inhibition

  • Rassurer: Je ne m'inquiéterais pas. Tout va bien se passer. Tu t'en sors très bien.
  • Approuver: C'est bien. Je suis content que tu sois là.
  • Rejeter : Ne parlons pas de ça. Je ne veux pas en entendre parler.
  • La désapprobation: C'est mauvais. J'aimerais mieux pas.
  • L'acceptation: C'est exact. Je suis d'accord.
  • Le désaccord: C'est faux. Je ne suis pas du tout d'accord. Je n' y crois pas.
  • Les conseils : Je pense que tu devrais. Pourquoi pas toi ?
  • Sonder : Parle-moi maintenant. Raconte-moi ton histoire de vie.
  • Contester : Mais comment peux-tu ? Si tu es mort, pourquoi ton cœur bat-il?
  • Tester : Quel jour sommes-nous?

Ne soyons pas les censeurs des enfants, ce qu'ils pourraient apporter au monde est trop précieux. Parlons leur de façon à ce qu'ils se sentent acceptés. 

Pour aller plus loin : 

"Alike", un court métrage d'animation réalisé par Daniel Martínez Lara & Rafa Cano Méndez sur ce thème de la créativité, des enfants et de la société.