Développement émotionnel et affectif et méditation

Accepter les émotions, NE PLUS LES COMBATTRE 

Nous perdons une énergie incalculable à essayer de bloquer, ignorer, voire supprimer nos malheurs. Des pensées auxquelles on a apparemment rien demandé provoquent alors en nous des émotions désagréables et de la souffrance.

Notre capacité à faire face aux émotions n'est pas donnée à la naissance. Les enfants sont souvent vite contrariés ou frustrés quand les choses deviennent difficiles ou ne vont dans le sens attendu, un peu comme si la patience leur était inconnue. 

La peur est également une émotion forte que peut ressentir l’enfant : peur de ne pas avoir d’amis, de ne pas être accepté dans la société ou encore peur de la mort pour n'en citer que quelques unes des plus fréquentes. Le cerveau des enfants est en constant développement et recherche la sécurité. La sensibilité de l’enfant aux dangers supposés est donc grande.

Tout parent souhaite que son enfant fasse l’expérience de ses émotions sans complications extrêmes. Favoriser l’intelligence émotionnelle de l’enfant est sans surprises une préoccupation importante des parents. Comment faire ? Nier la vie émotionnelle de l’enfant est la voie la plus dangereuse. Vouloir la faire taire ou étiqueter ces émotions fortes de "négatives" n’est pas non plus la solution.

Les émotions sont le résultat de réactions à des situations internes ou externes. Elles se distinguent ainsi des sensations qui sont des réactions à des perceptions purement physiques. En tant que produit de notre rapport au monde, les émotions sont donc une invitation à la découverte de soi.

Les émotions négatives peuvent être des indices de nos valeurs les plus profondes, et les façons dont nous pouvons avoir obtenu hors piste. La solitude nous rappelle de prendre le temps pour nos relations, par exemple, et l'anxiété pourrait signifier que nous avons pris sur un trop grand nombre de projets. Une fois que nous avons identifié ces incohérences, nous pouvons faire des corrections de petite taille pour nous diriger dans la bonne direction: la mise en place d'un dîner hebdomadaire avec des amis, par exemple, ou décider de dire non aux engagements dans un proche avenir. Susan David, auteur de Emotional Agility

Pour cette raison, empêcher l’enfant d’exprimer des émotions considérées comme « négatives » revient à déconnecter l’enfant de lui-même. Des difficultés à se construire, voire des pathologies autrement plus graves peuvent en résulter. 

Empêcher l’enfant de vivre ses émotions c’est non seulement empêcher qu'il se comprenne, c'est également refuser de le comprendre. C’est s’empêcher de tisser avec lui une relation enrichissante. 

Comment vivre ses émotions sans se laisser contrôler par elles ? La méditation offre une réponse.  


S’approcher de la stabilité émotionnelle avec la méditation

Prendre du recul sur ce qui se passe en soi

Ne plus subir ses émotions, mais les comprendre, voilà sans doute une des clés d’un développement psychologique sain. 

La méditation est une occasion de prendre du recul sur ses pensées et ses émotions pour ne plus se laisser entraîner par elles. Ce recul, cet espace entre les situations et les réactions qu’elles nous suggèrent peut se développer très tôt. 

En méditant, les enfants découvrent en eux une capacité à se sentir plus serein et plus en sécurité face aux défis de l'existence. 

Se recentrer sur ce qui nous maintient dans le présent

Inciter un enfant à se concentrer sur sa respiration dans un moment de panique est un bon début.  Lui faire écouter les sons des environs ou lui faire imaginer un endroit paisible également.

Aux Etats-Unis, dans certaines classes, des "espaces paisibles" sont installés. Les enfants peuvent y venir retrouver un ancrage lorsqu'ils se trouvent perdus dans un océan d'émotions. 

Observer

Vers 10-11 ans, lorsque l’enfant est capable de reconnaitre ses émotions, on pourra l’inviter à prendre conscience de celles qui le traversent et des éléments qui les déclenchent

Petit à petit il saura ainsi s’écouter et reconnaitre l'aspect tellement passager de nos émotions. Dédramatiser lui offrira ce pouvoir de ne plus se laisser entrainer par les malheurs.

Acceptation et empathie

La méditation aide au développement émotionnel pour deux raisons principales.

D’abord par l’acceptation qu’elle favorise. L’acceptation ce n’est pas minimiser une émotion. L’acceptation c’est regarder l’émotion telle qu’elle est, sans construire une histoire autour d’elle. Accepter revient à reconnaitre que l’ensemble des émotions, agréables ou moins agréables, fait partie de la richesse d’être humain.

On comprend donc que l’intelligence émotionnelle grandit aussi via l’empathie qui est la capacité à comprendre les émotions d’autrui. Acceptation et empathie sont les éléments d’une bonne communication, utile autant en famille que dans la société.


La méditation et la timidité de l’enfant

Le dictionnaire Larousse définit la timidité comme : le « manque d’assurance, de hardiesse dans ses rapports avec autrui ». Chacun sait reconnaitre quelqu’un de timide.  Les ressorts de la timidité sont eux moins connus.

Etre timide ou se sentir timide ne signifie pas « ne pas être normal ». La timidité est avant tout un trait de personnalité en partie prédéterminé par nos gênes.  Elle peut être une richesse pour notre monde. Il existe en effet beaucoup de timides heureux. La timidité n’est donc pas le problème, c’est notre rapport à la timidité, l’anxiété et le repli sur soi qui posent problème.

La pleine conscience aide à changer notre rapport à la timidité. Elle implique :

  • D’enseigner à l’enfant que la timidité est normale et que beaucoup de personnes le sont.
  • De ne pas essayer de faire comprendre à l’enfant que la timidité est quelque chose de mal.
  • De reconnaitre que la timidité n’empêche rien dès lors qu’on sait en faire une force.

Changer le rapport aux pensées

La timidité est le résultat d’habitudes cognitives inconscientes. L’enfant et l’adulte timides donnent trop d’importance à leur "tête" et à ses messages négatifs. La plupart du temps, l’enfant timide ne remarque pas que sa peur d’être jugé par les autres n’est rien d’autre que des pensées qu’il écoute trop. Pour lui, il s’agit de la façon normale de fonctionner avec les autres.

Grâce à la pleine conscience et à la méditation, la conversion mentale que l’enfant timide tient avec lui-même s’observe plus facilement.

L’enfant prend conscience qu’il a le choix.

Les pensées qui défilent toute la journée dans sa tête ne sont que des pensées, elles n’obligent à rien, elles ne sont rien de réel, elles ne sont pas lui. Penser qu’une personne ne nous aime pas, interpréter son sourire, penser à ce qu’on va dire, toutes ces choses sont des jugements qui nous emprisonnent.

Changer le rapport aux symptômes physiques

La timidité a des symptômes physiques nombreux : tensions, coeur qui bat très vite, tremblements divers et bouche sèche pour ne citer que les principaux. La pleine conscience et la méditation apprennent à l’enfant à se libérer de ces symptômes. Comment ?  En les observant simplement, sans entrer dans leur jeu.

Apprenez à l’enfant à simplement remarquer que son coeur bat plus fort, qu’il tremble, que ces choses sont normales et que les sacraliser revient à nourrir la timidité. Apprenez-lui à reconnaitre ces symptômes, puis à se relier à l’instant présent, en étant plus attentif à ce qui se passe à l’extérieur de lui.

Changer le rapport à soi

Grace aux pratiques méditatives de la bienveillance, l’enfant change son dialogue avec lui-même et apprend à se vouloir du bien. La timidité est le fruit d’une attention à soi dysfonctionnelle, à savoir trop focalisée sur le mental.

En étant dans l’instant présent, dans ce qui est en train de se passer, en sortant de sa tête pour écouter, observer et profiter de l’expérience, l’enfant s’accepte dans la réalité et en fait profiter tout le monde.